En 1994, la région Ile-de-France a demandé au bureau d’architecture Sarfati de construire un nouveau bâtiment pour le Lycée Jules Verne à Limours, une petite ville du sud de Paris. L’architecte nous a demandé de créer une œuvre d’art pour le lycée.
Notre proposition « Ecole mode d’emploi » est basée sur le texte de Georges Perec « Comment je pense » dans son livre « Penser, Classer ».
Nous avons décidé qu’il ne s’agirait pas d’une œuvre d’art conventionnelle mais d’une analyse participative du processus d’apprentissage des jeunes, transformée en art.

Le concept ne visait pas à réaliser une seule œuvre d’art majeure, mais à créer une série d’interventions intégrées au bâtiment, de différentes typologies, avec la participation active des étudiants et des enseignants.
Pour ce faire, Schein devait faire partie du groupe d’enseignants de l’école durant les deux prochaines années. Le problème majeur de la mise en œuvre de ce projet était de garantir les fonds nécessaires pendant plusieurs années. Nous avons dû séparer les financements et créer un dispositif spécifique dédié à un programme pédagogique à long terme au sein de l’école. 

En 1994, ce type de projet était innovant puisque l’œuvre d’art devenait partie intégrante de la pédagogie de l’école : le processus d’apprentissage devenait une œuvre d’art. Le résultat a été surprenant : tous les enseignants ont accepté de participer à ce projet.

Deux catégories ont été définies pour le projet :

1 – Les œuvres d’art étaient conçues pour être intégrées directement dans l’architecture, notamment les textes sur les murs et les fenêtres

2 – Une autre série d’œuvres d’art devait être créée avec les élèves, leurs professeurs en collaboration avec l’artiste Françoise Schein. La thématique de ces œuvres d’art respectait les programmes pédagogiques des différents enseignants (mathématiques, littérature, physique, histoire, etc.). Une fois sculptées par les élèves, les œuvres seraient ensuite intégrées dans des niches ou espaces vides blancs, spécialement conçus par l’architecte pour contenir ces objets. La mission de l’architecte était d’adapter ces réceptacles au sein de ce nouveau projet architectural. Progressivement, au cours des deux premières années, une collection d’œuvres d’art sur le programme pédagogique devait être réalisée et exposée dans les classes, les couloirs, l’auditorium de l’école. 

La proposition n’a pas été acceptée parce qu’il était impossible de prolonger le financement sur plusieurs années et parce qu’il n’y avait pas de solution administrative permettant un accompagnement prolongé des artistes dans les écoles françaises.
En 2020, cette méthode de création artistique est acceptée. L’art participatif est sollicité. Le monde a changé. 

Sarfati Architecte
Lycée Jules Vernes
Directeur du Lycée
Tous les professeurs du Lycée

Région Île de France
Ministère de l’éducation nationale, Culture